Page:Lettres d’un habitant des Landes, Frédéric Bastiat.djvu/132

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rard. Jugez de ma douleur. J’aime à croire qu’elle vient surtout de celle de ces bons amis, mais assurément des motifs plus égoïstes y ont une grande part. Par un hasard heureux, j’écrivis hier à ma famille pour qu’on m’expédiât une espèce de Michel Morin, homme plein de gaieté et de ressources, cocher, cuisinier, etc., etc., qui m’a souvent servi et qui m’est entièrement dévoué. Dès qu’il sera ici, je serai maître de partir pour la France quand je voudrai ; car il faut que vous sachiez que le médecin et mes amis ont pris à ce sujet une délibération solennelle.

Ils ont pensé que la nature de ma maladie me crée des difficultés si nombreuses que tous les avantages du climat ne compensent pas les soins domestiques. D’après ces disposition, mon cher Paillotet, vous ne viendrez pas à Rome gagner auprès de moi les œuvres de la miséricorde. L’affection que vous m’avez vouée est telle que vous en serez contrarié, j’en suis sûr. Mais consolez-vous un peu en pensant que vous auriez pu faire bien peu pour moi, si ce n’est me tenir compagnie deux heures par jour, chose encore plus agréable que raisonnable.