Page:Lettres d’un habitant des Landes, Frédéric Bastiat.djvu/5

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physionomie malicieuse du nouveau venu, son regard lumineux et le charme de sa parole n’avaient fait vite oublier le reste.

Assise à table en face de ce campagnard, je constatai que non-seulement Bastiat était un des grands-prêtres du temple, mais un initiateur passionné. Quel feu, quelle verve, quelle conviction, quelle originalité, quel bon sens vainqueur et spirituel ; et à travers cette abondance d’idées nettes, de ces piquantes et neuves démonstrations, le cœur se sentait, le véritable ami des hommes se révélait. « En voilà un, me disais-je, avec lequel il faudra comprendre ou dire pourquoi ; les dames, malgré elles, pourront peut-être s’intéresser à l’influence des tarifs anglais ou français. »

Après le dîner on fit de la musique. L’habitant des Landes nous ménageait encore une surprise : il possédait au suprême degré le sentiment des arts et de la poésie.

Ne voulant que toucher barre à Paris, Bastiat quitte ses coreligionnaires au mois de juillet, s’en va passer quelques jours en