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PRÉFACE.

Toujours calme et Impartiale, elle n’est jamais indifférente, car elle cherche et elle appelle partout un progrès pour la vérité, un secours pour la morale publique, une conquête pour l’éducation et le bien-être du masses. Elle trace des portraits, comme elle formule des jugements, à l’heure et au jour que lui assignent nos révolutions, mais toujours à l’appui et à la lumière des mêmes principes ; en sorte qu’il en arrive des épreuves de la vie politique comme des épreuves de la vie privée : toutes sont passées en revue, toutes sont touchées d’une main bienveillante et sûre ; ici, comme dans l’ordre du sentiment a purement intimes, c’est du dehors que lui vient le développement de ses propres facultés, et ses plus éloquentes paroles ne sont jamais que des réponses. Sa pensée est modeste, sa volonté craintive, mais son cœur ne recule jamais devant un appel, et Il est aussi sensible au patriotisme qu’à l’amitié.

Ce qui lui était Absolument étranger, c’était l’esprit de parti. Aussi éloignée de l’indifférence en matière politique que si elle y avait mis l’enjeu d’un intérêt ou d’une ambition, elle avait horreur dit joug des coteries et de la légèreté irréfléchie de leurs préjugés. Ici sa conscience la mettait en garde contre son humilité, et la personne du monde la plus douce, la plus facile dans tous les actes de la vie privée, devenait la plus indépendante et la plus inflexible dans les moindres jugements de la vie publique. Elle eût certainement mieux aimé se jeter dans la contradiction que de pencher vers la complaisance, même envers ses amis les plus illustres. Elle regardait tout vaincu comme un absent, et de premier mouvement se constituait son avocat d’office. Aucun parti, aucun homme ne trouvera donc dans Mme Swetchine ni une adhésion sans réserves, ni une bienveillance sans conditions ; mais que le lecteur qui se laisserait aller à la tentation de s’en étonner ou de s’en plaindre veuille bien