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mais hélas ! en avait-il les forces, en possédait-il l’énergie ? C’était-là mon chagrin.

Une démangeaison terrible, mêlée d’une chaleur douce, circulait dans tout mon corps. J’attendais avec impatience le retour du petit Étienne, pour assouvir ma passion naissante, et pour mettre, dans ses bras, le comble à mes désirs. Peut-être, me disais-je à moi-même, ne serons-nous pas un autre fois malheureux au point de nous essouffler à pure perte, sans éteindre nos désirs. Flatée par cette illusion, j’aimais à m’y livrer, et je n’imaginais pas que ma virginité devait encore jouer un rôle pénible, avant que d’être admise à la pratique des plaisirs.

Madame la supérieure, qui était dans le jardin, ne tarda pas à paraître. J’appréhendais qu’elle ne trouvât, dans son chemin, le petit Étienne, qui s’y prit sans doute de manière à pouvoir l’éviter, car l’amour est ingénieux. J’étais rêveuse, et une langueur inconnue s’était emparée de mon âme. La supérieure s’en apperçut : elle me de-