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Avec quelle attention scrupuleuse, n’examinais-je pas, ma sœur Christine, les mouvemens accélérés et périodiques que faisait la sœur Marianne ! que de sanglots ! que de soupirs, que d’élans, occasionés sans doute par les jeux lascifs de mon amante ! ses yeux étaient pleins de feu, et son visage du plus bel incarnat. Sa gorge, plus blanche que l’albâtre, graduait à merveilles le flux et le reflux. Que te dirai-je de ses fesses ? elles trémoussaient, ainsi que ses cuisses ; il semblait que toutes les parties de son corps fussent en convulsion.

J’étais remplie, ma chère Christine, d’une satisfaction que je ne puis décrire. J’étais contente assurément du doux plaisir que se procurait la sœur Marianne, et j’avais l’âme trop noble pour en être jalouse. Malgré tout cela, je sentais un battement de cœur qui me suffoquait et qui me coupait la parole. Enfin le charme cessa. Marianne fit trêve avec le plaisir, et elle rendit, par ce moyen, le calme à mes esprits.

Je ne sais où j’en suis, me dit-elle en se levant.