Page:Leury - Histoire de Rouyn.djvu/113

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communément répandue dans l’ouest du Québec. La liberté qu’elle désire pour les autres, il va sans dire qu’elle la souhaite grande d’abord et avant tout pour les Canadiens-Français qui sont ici, comme partout dans la province, les véritables pionniers, pionniers de la forêt et du sol, colons et agriculteurs, pionniers de l’industrie minière, prospecteurs et chercheurs d’or.

Cette ligne de conduite, qu’elle s’était tracée dès sa fondation et qu’elle s’est toujours efforcée de suivre, devait être sans doute la formule de son succès. Car la Frontière n’a pas connu autre chose que du succès. On l’a vu, il fallait de l’audace à ces fondateurs, mais la Fortune leur a souri, comme elle sourit aux audacieux. En moins de trois ans, le journal est devenu l’un des plus importants hebdomadaires de langue française publiés au Canada. D’un journal qui varie de douze à seize pages, ayant même plusieurs fois dépassé vingt pages, il tire chaque semaine à plus de quatre mille numéros, sans avoir eu besoin de recourir à de claironnants concours d’abonnements. C’était le but du Directeur Gérant, M. Éric Maurice, de faire pénétrer le journal partout et, aujourd’hui, c’est devenu un slogan. Les abonnés se recrutent dans les villes minières, dans les paroisses agricoles du Témiscamingue et de l’Abitibi et dans les centres de colonisation. Outre ses pages de nouvelles, qu’on le veuille bien le croire, la nouvelle sensationnelle ne manque pas dans les pays neufs, elle offre à ses lecteurs une page de rédaction, dont le caractère est essentiellement régional, une page minière judicieusement informée, une page d’agriculture et de colonisation et, comme la plupart des hebdomadaires, un espace assez généreux aux courriers paroissiaux et aux villes de Val d’Or, Malartic, Amos. Tout cela malheureusement pour l’apparence du journal, mais heureusement pour son trésor, disséminé à travers les annonces commerciales qui se font nombreuses, parce que la région de l’or permet des affaires d’or et que le journal y est connu comme le meilleur medium de publicité. Dans la boîte, personne ne s’en plaint, excepté le rédacteur qui est assez souvent obligé de remettre tel article au prochain numéro.

Ce sont là quelques brèves notes sur le premier journal français du pays de l’or. Comme la fondation de toutes les villes minières, sa fondation fut une hasardeuse et belle aven-