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Poste du garde-feux en bois rond : premier presbytère et chapelle.[1] acquéreurs s’empressent de couper les arbres dont les plus beaux formeront les murs de l’habitation. Les rues n’existent que sur le plan. Les charretiers restent parfois en panne dans les ornières ou coincés entre les arbres tronqués. Quant aux piétons, les bottes à hautes tiges semblent avoir gagné leurs faveurs. C’est dans un camp de 16 X 20, construit en bois rond que je passai la première nuit en compagnie du garde-feux Doyon qui devint, par la suite, ma ménagère. J’avais bien apporté avec moi une tente, mais le sol détrempé et les pluies qui suivirent mon arrivée n’avaient rien d’invitant pour ce genre d’habitation. Le poste des gardes-feux fut, à vrai dire, mon premier presbytère et ma première chapelle, puisque c’est là que je célébrai ma première messe et continuai de célébrer ensuite sur semaine. »--


7 Juin 1925.--

Le voilà donc parvenu dans le champ d’action que le Bon Dieu lui a désigné. Le blé qui y pousse a de très beaux épis chargés de grain, mais combien il y a d’ivraie qui cherche à étouffer le bon grain. Son cœur d’apôtre souffre, misereor super turbam (j’ai pitié de la foule), mais ce n’est pas le temps de se lamenter. Son premier souci est de s’occuper des enfants et ensuite de trouver un logis pour les exercices religieux. Aussi, dès le dimanche suivant, 7 juin 1925, au prône de la Messe, il demanda aux parents de vouloir bien inscrire leurs noms, ceux de leurs enfants, leur nombre, leur âge pour dresser la liste de ceux qui seront admis aux classes en septembre, ou à faire leur première communion. Ces renseignements pourront être déposés au Bureau de poste. Point nécessaire de prétexter que l’on n’a pas ce qu’il faut. J’ai du papier à écrire à la disposition de tous. Pour la question du logement pour les exercices religieux, il avait obtenu de la générosité de la famille Peppin, blind-pigger et brasseur de cartes, l’usage de leur salle de danse située à l’angle des Rues Perreault et Galipaut, lorsqu’elle ne serait pas louée. A ces moments là il faudra chercher gîte ailleurs. Le mobilier ne fut pas long à trouver. Une large tablette servit d’autel, dans un coin une chaise dissimulée par un rideau fit office de confessional. Quelques madriers sur des biles-de bois de chauffage remplacèrent les bancs. Les personnes plus aisées se firent apporter une chaise. Maintenant, il fallait édicter quelques règlements. D’abord pour les communions. Ceux qui voulaient communier et n’avaient pas besoin de se confesser furent prié de vouloir bien avertir avant chaque messe, afin de permettre de consacrer le nombre d’hosties suffisantes, le Saint-Sacrement n’étant pas gardé continuellement. Le deuxième réglement était pour l’heure des offices. L’on n’avait pas de cloche, donc il fallait régler les horloges sur le sifflet de la Mine Horne et surtout ne pas arriver en retard. ⁁Monsieur Nil Larivière, au nom de la population, présenta les vœux de bienvenue de tous, à M. l’abbé Pelletier et lui souhaita un long et fructueux ministère.


Le 14 Juillet, il annonça le nom du titulaire sous la protection de qui la paroisse avait été mise. C’était St Michel Archange. Ce jour-la il leur parla du désordre qui régnait dans la communauté. Il ne s’en dit pas surpris, mais alarmé… Nous ne pouvons prendre de moyens violents, mais nous avons une arme : la prière et surtout, le bon exemple. Dans cette fête du Bon Pasteur, souvenons-nous que N. S. est venu pour sauver les brebis égarés. Sa mansuétude a été très grande pour les pécheurs, nous en avons la preuve dans le pardon qu’il acorda à la Samaritaine dont il fit une grande sainte.

Pendant ces jours il avait cherché un terrain pour ériger une église temporaire. C’est sous les bouleaux, en bordure du lac qu’il voulut placer le premier sanctuaire. Le 21 Juin il annonçait les travaux de nettoyage du terrain et demandait que chaque homme, dès le mardi suivant, vint donner quelques heures de leur temps.à ce travail. Malheureusement le Dimanche, 28 Juin, il devait se plaindre du peu d’empressement apporté à la corvée. Il leur dit qu’il fallait profiter du xx temps humide pour finir ce nettoyage. Bientôt il y aura du travail au contrat ou à la journée et il saurait se souvenir de ceux qui se sont fait tirer l’oreille ou qui n’assistent pas à la Messe.

Se souvenant des catastrophes qui ont marqué l’établissement des grands centres miniers de l’Ontario et voulant éviter semblable désastre, il demanda à

  1. Abbé Albert Pelletier avec deux religieuses devant le premier presbytère de Rouyn, 1926-1927, Fonds Canadien National, BAnQ de Rouyn-Noranda. ; NdÉ.