Le voyageur qui en 1929 arrive à Rouyn sur un train luxueux ou bien en auto sur de belles routes peut difficilement s’imaginer les difficultés qu’il fallait surmonter pour atteindre cette partie de la province il y a quinze ans. Le seul moyen de transport était le canot. Deux jours suffisaient à peine pour parcourir les cent cinquante milles qui séparaient Angliers sur le lac des Quinze du Canton Rouyn.
Prévoyant un développement considérable, deux frères, ⁁les messieurs de
La Chevrotière de Ville-Marie, avaient organisé un système de transport
bien rudimentaire. Un grand esquif de drave mu par un moteur transportait
bagages et voyageurs d’Angliers jusqu’au rapide L’E⁁sturgeon sur la rivière Ottawa, et de là, après un portage d’un demi mille, deux canots terminaient le voyage.
A la demande de son Eminence ⁁Excellence Monseigneur Rhéaume, je quittai Angliers
un mardi d’octobre 1924. D’Angliers au rapide l’E⁁sturgeon, le voyage
assez monotone surtout à cette saison, fut agrémenté par les récriminations amusantes d’une dame à la corpulence enconbrante qui trouvait indigne de se voir entassée avec les sacs les barils d’huile et tout le fret.
Au rapide l’E⁁sturgeon, repas hatif, puis portage du bagage et du monument
feminin. Les deux canots qui devaient terminer le voyage chargés à
plein bord, s’engagèrent bientot dans la rivière Kinogévis et le soir
nous étions au rapide Gendron ou une famille de Fabre nommée Desrochers
y tenait une hotellerie. Le lendemain je célébrai la sainte messe à saint-? [à ?] laquelle ⁁laquelle assisterent les quelques voyageurs et les membres de la famille.
Du rapide Gendron au lac Rouyn il y avait encore six ou sept heures de navigation. Vu le bas niveau des eaux à cette saison, cette dernière étape était plus lente et très pénible surtout sur ⁁la crique Routier ou les
- ↑ Quai d’embarquement au rapide à l’Esturgeon où l’esquif de drave en provenance d’Angliers a fait escale lors de ce voyage, 1927, Fonds Angliers, La Société d’Histoire du Témiscamingue ; NdÉ.