Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/177

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« Vous vous trompez à l’endroit de la mie de pain, » dit la Fausse-Tortue : « la mie serait enlevée dans la mer, mais ils ont bien la queue dans la bouche, et la raison en est que — » Ici la Fausse-Tortue bâilla et ferma les yeux. « Dites-lui-en la raison et tout ce qui s’ensuit, » dit-elle au Griffon.

« La raison, c’est que les merlans, » dit le Griffon, « voulurent absolument aller à la danse avec les homards. Alors on les jeta à la mer. Alors ils eurent à tomber bien loin, bien loin. Alors ils s’entrèrent la queue fortement dans la bouche. Alors ils ne purent plus l’en retirer. Voilà tout. »

« Merci, » dit Alice, « c’est très-intéressant ; je n’en avais jamais tant appris sur le compte des merlans. »

« Je propose donc, » dit le Griffon, « que vous nous racontiez quelques-unes de vos aventures. »

« Je pourrais vous conter mes aventures à partir de ce matin, » dit Alice un peu timidement ; « mais il est inutile de parler de la journée d’hier, car j’étais une personne tout à fait différente alors. »

« Expliquez-nous cela, » dit la Fausse-Tortue.