Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/201

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une idée vague qu’il fallait les ramasser tout de suite et les remettre sur les bancs, sans quoi ils mourraient.

« Le procès ne peut continuer, » dit le Roi d’une voix grave, « avant que les jurés soient tous à leurs places ; tous ! » répéta-t-il avec emphase en regardant fixement Alice.

Alice regarda le banc des jurés, et vit que dans son empressement elle y avait placé le Lézard la tête en bas, et le pauvre petit être remuait la queue d’une triste façon, dans l’impossibilité de se redresser ; elle l’eut bientôt retourné et replacé convenablement. « Non que cela soit bien important, » se dit-elle, « car je pense qu’il serait tout aussi utile au procès la tête en bas qu’autrement. »

Sitôt que les jurés se furent un peu remis de la secousse, qu’on eut retrouvé et qu’on leur eut rendu leurs ardoises et leurs crayons, ils se mirent fort diligemment à écrire l’histoire de l’accident, à l’exception du Lézard, qui paraissait trop accablé pour faire autre chose que demeurer la