Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa tête à ses mains, et s’aperçut avec joie que son cou se repliait avec aisance de tous côtés comme un serpent. Elle venait de réussir à le plier en un gracieux zigzag, et allait plonger parmi les feuilles, qui étaient tout simplement le haut des arbres sous lesquels elle avait erré, quand un sifflement aigu la força de reculer promptement ; un gros pigeon venait de lui voler à la figure, et lui donnait de grands coups d’ailes.

« Serpent ! » criait le Pigeon.

« Je ne suis pas un serpent, » dit Alice, avec indignation. « Laissez-moi tranquille. »

« Serpent ! Je le répète, » dit le Pigeon, mais d’un ton plus doux ; puis il continua avec une espèce de sanglot : « J’ai essayé de toutes les façons, rien ne semble les satisfaire. »

« Je n’ai pas la moindre idée de ce que vous voulez dire, » répondit Alice.

« J’ai essayé des racines d’arbres ; j’ai essayé des talus ; j’ai essayé des haies, » continua le Pigeon sans faire attention à elle. « Mais ces serpents ! il n’y a pas moyen de les satisfaire. »