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agitateur a composé en 1871 pendant sa captivité au fort du Taureau et qui fut publié au début de 1872, partiellement dans la Revue scientifique, intégralement en librairie. On en trouve un résumé dans le livre récent de M. Geffroy, l’Enfermé (Paris 1897), p. 389-481 ; ajoutons que l’analogie entre les rêveries cosmogoniques de Blanqui et la théorie de Nietzsche vient d’être signalée par M Retté dans un article de la Plume. — Comme Nietzsche, Blanqui admet que d’une part l’espace et le temps sont infinis et que d’autre part les combinaisons que la nature peut produire au moyen de ses éléments derniers sont en nombre limité. Elle possède pour toutes ses œuvres une centaine de corps simples et un moule universel qui est le système stello-planétaire. Le nombre des combinaisons possibles de ces corps simples est immense, mais cependant fini ; et avec l’aide de ces combinaisons il faut remplir le double infini de l’espace et du temps. À côté des combinaisons originales, des combinaisons-types il faut donc qu’il y ait des répétitions sans fin pour remplir l’infini. Il y a donc d’innombrables exemplaires de notre terre se développant de toutes les manières possibles ; toutes les variantes imaginables de notre planète existent quelque part et sont indéfiniment répétées. Chaque individu existe de même à un nombre infini d’exemplaires : « Il possède des sosies complets et des variantes de sosies, qui multiplient et représentent toujours sa personne, mais ne prennent que des lambeaux de sa destinée. Tout ce que l’on aurait pu être ici bas, on l’est quelque part ailleurs. Outre son existence entière, de la naissance à la mort, que l’on vit sur une foule de terres, on en vit sur d’autres dix mille éditions différentes. »… « Ce que j’écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau, je l’ai écrit et je l’écrirai pendant l’éternité sur une table, avec une plume, sous des habits, dans des circonstances toutes semblables »… « On remonterait en vain le torrent des siècles pour trouver un