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dans les montagnes de la Suisse. Après ce repos, il essaie de reprendre ses occupations malgré des accès sans cesse renouvelés de sa maladie ; il recommence ses cours ; il publie en 1878 Choses humaines, par trop humaines, et l’année d’après Sentences et opinions variées et Le voyageur et son ombre. Mais sa santé était trop profondément ébranlée pour qu’il pût continuer d’une manière régulière son métier de professeur et, surtout, trouver la force nécessaire pour se livrer à ses travaux personnels, tout en s’acquittant en conscience de ses obligations professionnelles. À la fin de l’année 1877, déjà, il avait été, sur sa demande, déchargé de ses fonctions au Pädagogium ; au printemps de 1879 il renonça également à ses fonctions de professeur à l’université. Une vie nouvelle s’ouvrait pour lui, incertaine et précaire, douloureuse et fragile, surtout profondément solitaire, mais une vie libre et indépendante où il pouvait consacrer tous les instants de répit que lui laissait la mort à l’achèvement de sa grande œuvre philosophique.


II


Ce n’était pas par enthousiasme que Nietzsche s’était décidé vers la fin de son séjour à Schulpforta à suivre la carrière « académique » et à se préparer au métier de philologue. L’une des principales raisons qui l’avait déterminé à prendre ce parti était purement négative : il ne voyait aucune autre carrière à laquelle il se sentit mieux préparé, soit par ses goûts et ses aptitudes naturelles, soit par ses études antérieures ; il estimait que comme professeur d’université il aurait d’abord des loisirs honorables pour ses études personnelles, ensuite un cercle d’activité suffisamment utile, enfin une position indépendante tant au point de vue social qu’au point de vue