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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

taphysique et mystique que Novalis s’efforce de déchiffrer l’énigme du monde. Il ne lui suffit pas, comme il dit de Fichte, de « réaliser l’idée d’un système de la pensée. » Il cherche à se faire également un système de la nature. En même temps que philosophe il est homme de science ; et nous avons à voir maintenant, comment l’effort scientique vient s’ajouter et se combiner, chez lui, à l’effort proprement philosophique.

IV

Les dernières années du xviiie siècle sont une époque critique singulièrement intéressante dans l’histoire des sciences.

Les découvertes merveilleuses des Lavoisier, Scheele, Priestley, Galvani, Volta, sont le signal d’une véritable révolution des idées régnantes, non pas seulement en chimie mais dans l’ensemble des sciences physiques et naturelles. « La constitution de la matière, écrit Berthelot, a été établie sur des conceptions nouvelles : la vieille doctrine des quatre éléments qui régnait depuis le temps des philosophes grecs, est tombée. La composition de deux d’entre eux, l’air et l’eau, regardés comme simples, a été démontrée par l’analyse. La terre, élément unique et confus, a été remplacé par la multitude empirique de nos corps simples, définis avec pré-