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L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR ET DE LA MORT

malgré sa profonde affection pour ces gens il les voit bien tels qu’ils sont : « le revers malpropre de la médaille » ne lui échappe pas. Au début de 1796, il va jusqu’à se demander si le lien qui l’unit à Sophie est bien solide. La mère de la jeune fille, une de ses sœurs, et « Ma chère », doutent de son amour pour Hardenberg. Et celui-ci est assez impressionné par ce doute pour charger son frère Charles d’observer Sophie et de s’enquérir de ses sentiments à son égard. Il s’acquitte de cette mission « avec un battement de cœur », — et apprend de Sophie, qu’elle demeure fidèle à son fiancé. — Si les choses avaient suivi leur cours normal, on se demande comment tout cela aurait fini. Novalis, qui voyait par instant si clair, ne se serait-il pas aperçu un beau jour qu’il était le jouet d’une illusion et n’aurait-il pas rompu des liens qu’à certaines heures il ne considérait pas encore comme définitifs ?

II

Or, voici que, au moment décisif, la maladie et l’ombre menaçante de la mort, viennent sceller à jamais des fiançailles qui autrement se seraient peut-être dénouées. En novembre 1795, Sophie subit les premières atteintes du mal qui allait l’emporter en peu de temps : une inflammation