Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
L’EXPÉRIENCE DE L’AMOUR ET DE LA MORT

le Corrège ne nous ont montré dans leurs figures que le reflet ; c’est vraiment la bonne nouvelle, dévoilée de la manière la plus complète, la plus certaine ».

Elle apparaît, surtout, avec une douloureuse intensité, elle se déploie avec un lyrisme incomparable chez Richard Wagner. L’auteur de Tristan a trouvé des accents d’une intensité inouïe pour dire comment « l’élu qui, le cœur plein d’amour a contemplé la Nuit de la Mort et reçu la confidence de son profond mystère » tend de toutes les forces de son être vers ce monde de l’inconscient où s’évanouit tout ce qui, pour l’homme naturel constitue la vie : l’univers visible, le temps et l’espace, la distinction du sujet et de l’objet, — vers ce monde qui est le pur néant pour tous ceux qu’anime encore le vouloir vivre, mais qui pour une âme affranchie, consciente de l’unité de tout ce qui existe, est au contraire la suprême réalité. Et qui n’a présent à l’esprit, surtout, l’hymne de paix qui s’épanouit au dénouement de cette œuvre douloureuse, le merveilleux chant d’amour et de mort, où Wagner a dit avec une ferveur toute religieuse, l’extase d’Iseut, le suprême triomphe de l’âme émancipée enfin du joug de la passion, morte au désir, et qui plane, souverainement libre, au-dessus des misères de la terre et des angoisses humaines.

Le lyrisme des Hymnes à la nuit a d’ailleurs une