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LA PLAQUE DE WOLFSHEIM

men de l’écriture cursive des Perses avant l’invasion arabe. À la vue d’un monument qui confirmait mes précédentes assertions sur l’origine orientale de l’incrustation appliquée à la joaillerie, je demandai à l’honorable Conservateur la photographie du précieux objet. Il s’empressa de m’en adresser un cliché après la guerre, dès que la correspondance fût redevenue possible entre l’Allemagne et la France. À son envoi, M. Schalk joignit une lettre où il m’annonçait que M. le professeur Gildemeister, de Bonn, à qui un estampage de l’inscription avait été soumis, y lisait en caractères pehlevis le nom d’Artaxerxès — Arlakhschater,

𐭠𐭥𐭲𐭧𐭱𐭲𐭥
ארתחשתר : forme ancienne, Artakhschatra ; forme moderne, Ardeschîr. — L’excellente étude de M. F. Lenormant sur les diverses variétés de l’alphabet pehlevi[1] me permit de contrôler sans peine l’exactitude de la lecture de M. Gildemeister, et j’obtins ainsi l’assurance d’avoir sous les yeux une pièce d’orfèvrerie incrustée, remontant au moins à l’époque sassanide si elle n’appartenait pas à une dynastie antérieure.

Cependant, détourné par d’incessantes préoccupations du cours de mes études habituelles, je ne me pressais pas de mettre en ordre le butin récolté sur ma route, lorsque M. le colonel du Génie en retraite, A. von Cohausen, directeur actuel du musée de Wiesbaden, eut l’extrême obligeance de me faire parvenir un exemplaire de son mémoire sur les bijoux émaillés de l’époque romaine ; j’y lus ce qui suit :

« Le musée de Wiesbaden possède un bijou, vraisemblablement un pectorale, que l’on portait sur la poitrine, suspendu à un cordon ou à une chaîne. Il est en or fin et lames polies d’hyacinthe rouge foncé. On l’a trouvé dans les environs de Mayence (à Wolfsheim, 1870) et une inscription au revers établit son origine perse. M. le professeur Gildemeister y a lu le nom Artachschater

  1. Etudes paléographlques sur l’alphahet pehlevi ; in-8°, Paris, 1865.