Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/28

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trois milles de long et à peine un mille de large. Il est dominé par de hautes collines couvertes d’une végétation luxuriante, de champs bien cultivés, de villages et de bourgades, de temples et de maisons isolées, dont les blanches murailles et les grands toits aux tuiles luisantes jettent, sous les feux du soleil, un éclat singulier à travers l’épais feuillage des arbres séculaires. Si le paysage n’y offre pas l’aspect grandiose ou magnifique de certains sites célèbres, en revanche on n’y sent aucun défaut, et tout semble à l’envi concourir à charmer les yeux. Loin d’être effrayé ou abattu par la grandeur du spectacle qui se déploie devant lui, l’homme éprouve une sorte de bien-être et d’épanouissement ; il s’avance plus fort, plus heureux au-devant de cette nature tout aimable, toute charmante, et, faisant taire en lui l’esprit de critique, il ne demande qu’à jouir en paix des beautés et des splendeurs dont elle est si prodigue.

L’amour de l’isolement, l’attachement aux choses présentes, d’où naît une certaine étroitesse de vues, la défiance des nouveautés et l’horreur des révolutions, ces différentes faces du caractère japonais s’expliquent d’elles-mêmes pour qui a pu voir la région où il s’est développé. Heureux dans la possession indiscutée des richesses qu’ils ont reçues de la nature, les Japonais n’ont eu besoin d’aucun effort pour mettre leurs goûts et leurs penchants