Ils s’enfermaient chez eux dans un dédain superbe, et le vers célèbre :
s’appliquait à eux avec plus de justesse qu’aux farouches
ancêtres de la nation anglaise. Aussi rien
n’était en progrès : sciences, arts, industrie, politique,
philosophie, tout demeurait stationnaire,
tout paraissait frappé à jamais d’une stérilité fatale.
Il a suffi pourtant d’un événement fort simple et
inévitable, l’ouverture de ses ports, pour arracher
le Japon à l’apparente immobilité où se consumaient
ses forces. La présence des étrangers a stimulé
son énergie ; et, en cherchant à les imiter,
il s’est soumis à la loi du progrès, dont il avait si
longtemps bravé l’influence.
Race intelligente, vivace et fière, patiente surtout, les Japonais, ne se contentant pas d’admirer chez les autres ce qui leur manquait, se sont mis à l’œuvre : en l’espace de quatre années, ils ont formé une flottille de bâtiments de guerre, ils ont réorganisé leurs nombreuses troupes, qui vont être armées et disciplinées à l’européenne ; ils ont établi à Yédo un collége destiné à l’enseignement des langues et des sciences de l’Occident ; ils ont demandé aux Pays-Bas des médecins qui leur apprennent, dans des cours réguliers et assidûment suivis, l’art