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disparurent dans la grande dépravation romaine, le mépris dans lequel étaient tombés les esclaves, alla jusqu’à faire oublier qu’ils étaientdes hommes. Tout était permis aux maîtres, et on soutenait que m itervum nihil non domino licere[1] ; et tandis qu’on le comparaît au bétail, on doutait qu’il fallut y comprendre les pourceaux[2]. On ne recevait point leur témoignage en justice, ce qui a toujours été défendu, à moins qu’on leur fit subir la torture[3]. Ils ne se présentaient plus alors comme hommes, mais comme pièces de conviction ; on consignait dans ce cas, sur l’estimation du juge, la valeur de l’esclave[4]. Leur union n’avait point le nom de mariage, et les enfans qui en naissaient ne dépendaient point d’eux[5]. Ils n’étaient point soumis à la même pénalité que les hommes libres, et des fautes très légères étaient punies de mort[6]. Ces malheureux n’avaient point la liberté de parler en présence de leurs maîtres ; pour le moindre bruit, pour l’éternuement même, ils étaient châtiés à coups de verges : aussi regardait-on les esclaves comme des ennemis domestiques, et c’était

  1. Senec. controv. liv. 5. Controv. 34.
  2. Senec. épist. 47. Dig. lib. 50. t. 17. § 32. Cod. lib. 3. t. 1. 46.
  3. Leo. const. 49. Terent. Phorm. act. 2. sc. 2. Cujac, observ. xx. 28. Quintil. Declam. 169. Demosth. in Neœram.
  4. Dig. XLVIII.18.
  5. Ulp. t. 5. Inst. lib. 1.1. 10 et 11.
  6. Dig. lib. 48. t. 9. §10.