Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/34

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soit devoir évanouir l’influence financière et ruineuse qu’ils exercent dans le pays, soit qu’ils étaient désespérés de n’avoir pu faire adopter leur propre projet d’emprunt, soit enfin de n’avoir pas à recueillir quelques bribes de l’emprunt qui allait être émis. Dans leur rage aveugle ils n’épargnent même pas leur propre patrie ; et aujourd’hui encore, non contents de dénoncer clandestinement au nouveau pouvoir, les personnes, ils travaillent à démolir le crédit de la République. Chose étrange et triste en même temps ! ce sont les étrangers qui ont défendu et qui continuent de défendre Haïti contre ses propres enfants dénaturés ! Les fils de Noé marchaient à reculons pour aller couvrir la nudité de leur père ; ceux d’Haïti ne respectent même pas le voile qui cache le sein de la mère qui les a nourris !

Voilà, Messieurs, ce que j’avais à dire sur l’emprunt* Mais je ne terminerai pas sans vous faire une prière : c’est d’imprimer toutes les lettres que je vous adresse et que je me propose de vous adresser, comme on fait de celles que j’ai écrites dans le temps à certain membre du gouvernement déchu. Ainsi autorisé par moi, personne ne méritera le reproche d’avoir commis un acte qui, dans la vie privée — et pour n’être pas qualifié trop sévèrement — serai t appelé indiscrétion , et dans la perpétration duquel perce une intention mauvaise et un sentiment qu’on ne s’attendait pas à trouver dans le cœur d’hommes qui aspirent à régénérer leur pays. Je vous salue, Messieurs, avec une très-haute considération.

Linstant Pradine.