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— IV —

sera reçuel Le chirurgien consulte-t-il l’humeur du patient, prête-t-il l’oreille à ses imprécations, lorsque, pour le sauver, il juge utile d’amputer un membre gangrené ? L’esprit qui a dicté le discours prononcé le 17 juillet 1876 par le président de l’Assemblée nationale, diffère-t-il de ce que je dis ici ? Ce n’est pas à ceux qui ont vécu ou qui vivent encore d’abus qu’il faut demander des réformes. Les flatteurs des peuples ne sont pas moins dangereux que ceux des Chefs d’Etat. Ce n’est pas à moi que l'on apprendra ce que c’est que le culte de la patrie, et quelque peu disposé que l'on soit à entendre quoique ce soit dont le sentiment national ait à souffrir, je crois remplir un devoir en montrant le mal et en en réclamant le remède. Lorsque les Grégoire et les Brissot, etc., attaquèrent la traite, les patriotes d’outre-mer et de la métropole même, ne répétaient-ils pas qu’ils étaient de mauvais Français et qu’ils voulaient la ruine des Colonies ? Lorsque plus tard les Isambert, les Broglie, les Schœlcher commencèrent leur campagne contre l’esclavage, d’autres patriotes ne firent-ils pas entendre de longues et énergiques protestations, leur reprochant aussi d’être de mauvais Français et de prendre les intérêts des nègres contre ceux des blancs.

Je n’ai besoin de solliciter de personne un certificat de patriotisme, encore moins de l’illustre publiciste qui préside aujourd’hui aux destinées du Constitutionnel (de Port-au-Prince). Ce serait, il me semble, de bon