Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/325

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silence, comme choses connues de leur temps, les détails dont nous avons besoin aujourd’hui. Les Lacédémoniens, les Athéniens et plusieurs autres peuples de la Grèce ont laissé là-dessus des recueils de préceptes, sous le nom de Tactica ; mais il serait honteux à des Romains, d’emprunter de quelque autre nation des maximes militaires, eux dont la domination, resserrée d’abord dans les bornes les plus étroites, n’en a presque plus d’autres que celles de l’univers.

C’est ce qui m’engage à étudier nos auteurs militaires, pour en composer cet essai. Les écrits de Caton le censeur, les ouvrages de Corn. Celse et de Frontin ; ceux de Paterne, cet auteur si profond sur les matières de la guerre, les ordonnances d’Auguste, de Trajan et d’Adrien, sont les sources où j’ai puisé car je n’avance rien de moi-même ; je ne fais que des extraits des ouvrages dont je viens de parler.

CHAPITRE IX.
Il faut exercer les nouveaux soldats au pas militaire, au saut et à la course.

La première attention doit être d’accoutumer les nouveaux soldats au pas militaire car rien n’est plus important dans une marche, ou dans une action, que d’y conserver l’égalité des mouvemens entre les soldats ; ce qui ne se peut faire qu’en les exerçant continuellement à marcher vite et du même pas : des troupes qui vont à l’ennemi d’un pas désuni et sans observer exactement les rangs courent toujours grand risque de se faire battre. Une troupe d’infanterie fera vingt milles de chemin en cinq heures d’été, d’un pas ordinaire ; mais un pas plus allongé lui en fera faire vingt-quatre milles dans le même nombre d’heures. Si le soldat allonge ou presse davantage ses pas, il court ; or, la course n’a ni intervalle, ni temps déterminé. Il faut cependant y accoutumer les jeunes soldats ; car c’est par la course qu’ils fondront sur l’ennemi avec plus d’impétuosité ; qu’ils occuperont les premiers un poste avantageux qu’ils devanceront même l’ennemi, quoiqu’il eût marché le premier pour s’en saisir ; qu’ils iront promptement à la découverte, et reviendront encore plus promptement en rendre compte qu’ils tomberont brusquement sur les fuyards, etc.

Il est bon d’exercer le soldat à sauter, afin que ni fossés, ni retranchemens ne l’arrêtent. De plus, dans une action, un soldat agile qui, avec son javelot, s’avance contre son adversaire en courant et en sautant, j’étonne, l’étourdit et lui darde son coup avant que celui-ci ait pu se mettre en défense.

Salluste rapporte que le grand Pompée disputait d’agilité avec les meilleurs sauteurs, de vitesse avec les coureurs les plus légers, de force avec les soldats les plus vigoureux et comment aurait-it pu tenir tète à Sertorius si, par de fréquens exercices, il ne se fût préparé lui-même, et ses troupes, aux combats, autant qu’il en avait besoin contre un si terrible adversaire ?


CHAPITRE X.
Qu’il faut apprendre à nager aux soldats.

On doit, en été, apprendre à nager aux nouveaux soldats ; car, lorsqu’il ne se trouve pas de pont pour le passage d’une rivière, on est obligé de la passer à la nage, soit qu’on poursuive l’ennemi, soit qu’on en soit poursuivi. D’ailleurs, si la fonte des neiges ou les