Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/445

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préface de l’empereur léon.

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L’éclat du trône, le pouvoir qui y est attaché, l’étendue de la domination, toutes les choses enfin qui flattent le plus la vanité des hommes et qu’ils recherchent avec ardeur, ne satisfont point autant notre personne royale, qu’une paix solide qui fasse jouir nos peuples d’une douce tranquillité et rende cet état florissant. Rien, au contraire, ne peut nous causer une douleur plus vive que les malheurs de nos sujets et la diminution où la ruine de leur fortune, occasionnée par quelque négligence. Si notre âme s’affecte passionnément de la prospérité ou de l’infortune d’un seul, quelle doit être notre sollicitude pour veiller à la conservation de cette multitude que Dieu a confiée à nos soins pour la garantir de toute insulte et lui procurer une heureuse tranquillité !

Si l’on commet quelques fautes dans l’administration des affaires publiques, nous ne voyons pas qu’il en résulte de grands maux : mais l’extinction de la discipline militaires mis les affaires des Romains dans l’état le plus déplorable, comme l’expérience nous le prouve tous les jours. Les hommes faits à l’image du Créateur, qui leur a donné la raison, devraient vivre dans une concorde et une amitié fraternelle, sans armer leurs mains contre leurs semblables. Mais puisque le diable homicide, ennemi de notre espèce et auteur du péché, tes a poussés à se faire la guerre, il est nécessaire de se prémunir contre les entreprises des malintentionnés. Ce n’est pas pour attaquer les nations étrangères qu’on doit se former dans l’art de la guerre ; c’est pour assurer son repos en se garantissant des insultes des ennemis, et leur faisant porter la peine qu’ils auront méritée : par là les méchans apprendront à se contenir, et tous tes hommes qu’ils doivent chérir la paix et la conserver.

Tant que les Romains ont gardé leur excellente discipline, leur empire, avec l’aide de Dieu, s’est maintenu dans sa force : mais depuis long-temps ayant été négligée, pour ne pas dire entièrement oubliée, ainsi que la tactique, nous voyons qu’il en est arrivé de grandes et de fréquentes disgrâces. Comme elles avaient été la cause de leurs avantages et de leur grandeur, lorsqu’elles furent tombées ils perdirent la bienveillance divine, et la victoire, qui les avait toujours suivis, leur échappa des mains. À mesure que la discipline militaire s’est perdue, le zèle et la vigueur de l’âme se sont affaiblis dans les grands : l’oisiveté et la mollesse ont succédé aux exercices qui entretenaient les forces du corps : les chefs inappliqués, toujours ignorans, négligent de s’instruire dans les anciens tacticiens qu’on regarde comme des livres obscurs et inutiles. Ayant pris à cœur de faire revivre cette utile science qui semble être bannie de notre