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guerre des gaules. — liv. vii.

au camp la nuit même avec la cavalerie, ne put persuader que César fût près de paraître avec son armée en bon état. La crainte s’était emparée des esprits à un tel point, que, comme si l’on eût perdu le sens, on voulait que toutes les légions eussent été taillées en pièces, et que la cavalerie seule eût échappé, prétendant que sans cette circonstance, les Allemands n’auraient jamais osé venir attaquer nos retranchemens. L’arrivée de César dissipa cette crainte.

42. À son retour, comme il connaissait l’incertitude des événemens de la guerre, il ne se plaignit que de ce qu’on avait fait sortir les cohortes de leur poste, et représenta qu’on avait eu tort de s’exposer au moindre risque ; que l’arrivée subite des ennemis aurait pu leur être très-préjudiciable ; d’autant plus qu’ils avaient eu bien de la peine à chasser les Barbares des retranchemens et des portes du camp. Ce qui l’étonnait le plus, c’est que les Allemands qui avaient passé)e Rhin à dessein de ravager le pays d’Ambiorix, fussent venus attaquer le camp des Romains, et eussent par-là rendu à ce prince un service signalé.

43. Ensuite César marcha de nouveau à la poursuite des ennemis, et il envoya partout contre eux ce grand nombre de troupes que lui avaient fournies tes peuples voisins. Tous leurs bourgs furent brûlés/toutes leurs maisons réduites en cendres, tout mis au pillage. Les hommes et les chevaux consumèrent le blé ; le mauvais temps et les pluies abîmèrent le reste : le ravage fut si terrible, que si quelque habitant de ce pays échappa en se cachant, après la retraite de l’armée, il dut périr de faim et de misère. La cavalerie qui était dispersée partout, passa souvent par des endroits où des prisonniers disaient avoir vu Ambiorix prendre la fuite, et ils prétendaient même qu’il ne devait pas être bien loin. L’espérance de le saisir faisait tout entreprendre, jusqu’à l’impossible, parce que l’on était convaincu du plaisir que cette prise causerait à César mais on ne put jamais y réussir. Toujours il échappait par des bois, par des montagnes où il passait la nuit ; de ta il gagnait d’au très cantons, d’autres provinces, accompagné de quatre cavaliers seulement les seuls auxquels il crût pouvoir se fier.

44. Après cet horrible désastre que César fit éprouver à ses ennemis, et qui coûta aux Romains la perte de deux cohortes, il ramena son armée à Reims. Là, ayant assemblé les états de la Gaule, il y examina l’affaire de ceux de Sens et de Chartres, condamna l’auteur de la révolte, Accon, à la peine de mort, et le fit exécuter suivant les anciennes lois romaines. Quelques-uns de ses complices s’enfuirent, de peur d’éprouver le même sort. Après avoir défendu aux Gaulois de les recevoir chez eux, César mit ses troupes en quartiers d’hiver deux régions sur la frontière de Trèves deux dans le canton de Langres, et six autres à Sens, capitale du Sénonais ; ensuite les ayant toutes pourvues de blé, il alla, selon sa coutume, tenir les états de la Lombardie.


LIVRE SEPTIÈME.

Révolte presque générale des Gaules par le conseil de Vercingétorix. — Retour de César. — Siège de Bourges. — Vercingétorix rassure ses troupes. — Division dans Autun. — Siège de Clermont. — Révolte de Litavieus. — Grand combat auprès d’Alise : prise de Vercingétorix dans ce combat.
An avant J. C. 52, de Rome 602.

1. La Gaule paraissant tranquille, César, comme il l’avait résolu, partit