Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1072

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nos dernières guerres, et de tout temps. Je vais rapporter quelques exemples tirés des livres que j’ai cités ci-dessus.

Dans les guerres d’Alexandre, que décrit Arrien, livre II, section 5, quand il parle de la bataille d’Issus, après avoir détaillé l’ordre de bataille des deux armées, il en vient au choc, et il dit : « Aussitôt que l’aile droite, où (parlant d’Alexandre) il était, fut aux mains avec les ennemis, ils lâchèrent pied, en laissant Alexandre victorieux de ce côté-là ; mais les Grecs, qui étaient à la solde de Darius, donnant à l’endroit où la phalange était ouverte, parce que le milieu n’avait pu suivre avec la même promptitude, et qu’en plusieurs endroits la rive était escarpée, ils mirent la victoire en balance, car le combat y fut opiniâtre.… Cependant l’aile droite victorieuse, sous la conduite du prince, après avoir défait tout ce qui était devant elle, tourna sur les Grecs qui poussaient les Macédoniens, et les écarta dû bord ; après, s’étendant pour les envelopper le long de leur flanc, qui était découvert, elle en fit une boucherie épouvantable. »

Cela fait voir que si Alexandre avait été plus longtemps à la poursuite du corps qu’il avait enfoncé, le centre de son armée et l’aile gauche qu’il avait laissée à Parménion auraient couru risque d’être battus, et c’est ce qui aurait pu arriver, s’il eût trouvé plus de résistance.

Polybe, livre II, où il fait mention de la bataille de Mantinée, donnée entre Machanidas, tyran de Lacédémone, et Philopémen, général des Achaïens, après avoir parlé de l'ordre de bataille des deux armées, dit : « En effet, il est souvent arrivé que ceux qui étaient déjà vainqueurs en apparence, perdaient bientôt après la victoire, et qu’au contraire : ceux qui avaient été battus d’abord se rendaient à la fin victorieux par leur adresse et par leur prudence, contre l’opinion de tout le monde.

Cela parut alors en la personne des deux généraux ; car lorsque les soldats étrangers des Achaïens eurent commencé à fuir, et que leur bataille eut été dépouillée de son aile gauche, au lieu que Machanidas devait demeurer dans la même résolution, et tâcher d’enfermer les ennemis, après avoir défait l’une de leurs pointes, les attaquer de front et de flanc, et poursuivre sa victoire, il ne fit rien de toutes ces choses ; mais, par une imprudence et une ardeur de jeune homme, il se laissa emporter avec ses étrangers soudoyés, et pour- suivit les fuyards, comme si la peur n’eût pas été assez forte pour les pousser jusque dans la ville, »

Nous voyons dans la suite que Philopémen, profitant de la faute de Machanidas, durant le temps qu’il est à la poursuite, attaque son armée, et que quand celui-ci revient, il la trouve battue, le chemin fermé pour sa retraite, et qu’il est tué de la main de Philopémen.

Voici un autre exemple, tiré de l’histoire des campagnes de M. de Turenne. C’est lui-même qui parle de la bataille de Nordlingen ; vous y voyez non-seulement les deux lignes de notre aile droite, et nos deux lignes d’infanterie battues et en déroute, mais encore la première ligne de l’aile gauche un peu poussée, mais sans déroute (ce sont les termes de M. de Turenne), en sorte, qu’il ne reste de partie entière à cette armée que la seconde ligne de l’aile gauche, ou plutôt la réserve ; car un seul escadron ou deux, que M. de