Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1075

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m’a paru utile et qui n’est pas rendu dans la traduction[1] :

« Lorsque ceux de César virent que les autres ne bougeaient, ils s’arrêtèrent d’eux-mêmes au milieu de la carrière et après avoir un peu repris haleine, lancèrent le javelot en courant, puis mirent l’épée à la main, selon l’ordre de César.

Ceux de Pompée les reçurent fort bien ; car ils soutinrent le choc sans branler, et mirent aussi l’épée à la main, après avoir lancé leurs javelots.

En même temps leur cavalerie, qui se tenait prête, donna avec les gens de trait, et renversant la nôtre qui était plus faible, la poursuivit chaudement, après avoir étendu les escadrons, pour l’envelopper.

Alors César fit signe aux cohortes qu’il avait détachées de chaque légion de donner ; ce qu’elles firent si brusquement, que la cavalerie ennemie plia et s’enfuit jusqu’aux montagnes, laissant à la boucherie ses gens de trait, qui furent tous taillés en pièces.

Aussitôt, tournant sur l’aile gauche de Pompée, qui combattait encore, elles la prirent en queue.

Et la troisième ligne, qui jusque-là ne s’était point ébranlée, l’attaqua de front.

De sorte que l’ennemi, enveloppé de tous côtés, ne put résister plus longtemps, et prit la fuite.

César avait toujours cru que ce quatrième corps, qui faisait front sur l’aile droite, serait cause du gain de la bataille, et l’avait dit aux soldats dans sa harangue.

Et ce fut par là que la cavalerie ennemie fut enfoncée, l’infanterie légère taillée en pièces, et l’aile gauche investie, d’où vient le commencement de la défaite. »

Après avoir lu la bataille de Pharsale dans sa traduction, et ensuite dans les commentaires latins, je n’ai pas trouvé que César nous ait assez expliqué la véritable position qu’il donne à la quatrième ligne, formée des cohortes qu’il a tirées de sa troisième ; cependant c’est la manière de les placer qui peut faire comprendre tous les avantages que César compte en retirer ; il dit seulement : « Timens ne à multitudine equitum dextrum cornu circumveniretur, celeriter ex tertia acie singulas cohortes detraxit, atque ex eis quartam aciem instituit, equitatuique opposuit, et quid fieri vellet ostendit[2]. »

Nous ne voyons pas bien s’il met ce quatrième corps tout entier en quatrième ligne à la droite, ou bien seulement étendu le long des flancs des trois lignes, comme le côté d’un bataillon carré. Après avoir réfléchi sur toutes ces différentes positions, j’ai trouvé que de joindre ce corps le long du flanc des trois lignes, cette position ne donnait pas de protection à sa cavalerie que, d’un autre côté, le mettre en seconde, troisième ou quatrième ligne, sur le même alignement des colonnes, il serait également débordé par la cavalerie de Pompée, et facilement pris en flanc et par derrière ; qu’ainsi ce ne pouvait être qu’en le disposant obliquement que cet ordre de bataille devait avoir toute la force que César se proposait de lui donner. Après avoir cherché, voici ce que j’ai trouvé dans Frontin :

Pompée, à la journée de Pharsale, rangea ses légions sur trois lignes à

  1. Nous renvoyons le lecteur à la traduction que nous avons donnée des Commentaires de César au tome III.
  2. Voir notre traduction des Commentaire.