Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1093

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pleine quant à l’infanterie ; et pour ce qui est de la cavalerie, au lieu de former les escadrons de trois, si elle les mettait sur deux, cet arrangement, à peu de chose près, lui donnerait une ligne pleine aussi bien qu’à son ennemi. Dans ce cas, quel serait l’ordre le plus fort ?

La solution sur cette dernière question est que l’armée dont les distances seraient remplies en la mettant sur trois rangs au lieu de six, aurait un ordre de bataille beaucoup plus faible que celle qui serait rangée sur une seule ligne en conservant son épaisseur de six rangs.

Quoique je respecte infiniment mon auteur, comme les opinions des hommes sont arbitraires, et que chacun ne se fixe à la sienne que suivant les différens. points de vue dans lesquels les raisons qui le déterminent se présentent à lui, je ne saurais m’empêcher de regarder la solution dont il s’agit comme fort douteuse, étant persuadé qu’en première ligne on doit éviter, autant qu’on peut, d’exposer des hommes à moins qu’on ne puisse tirer parti de leur feu, et qu’il est essentiel de régler les dispositions de ses troupes conformément aux effets qui peuvent résulter dans l’action tant du feu de l’artillerie que de celui de l’infanterie, auquel souvent elle est longtemps exposée au lieu qu’en seconde ligne il faut donner à l’ordre de ses troupes la force du choc et de l’impulsion, moins d’étendue de front, plus de profondeur, et avoir toujours des vides entre les bataillons pour servir de passage à la première ligne en cas de besoin.


Savoir si, dans les ordres de bataille en plaine, on doit toujours mettre toute l’infanterie dans le centre des lignes, et toute la cavalerie ensemble sur les ailes sans y mêler d’infanterie.

Celui qui, connaît sa cavalerie meilleure que celle de son ennemi n’a pas besoin de mêler de l’infanterie dans ses ailes, et d’affaiblir par là le corps de son infanterie, qui est, au centre mais celui qui connaît celle de son ennemi pour être plus aguerrie et d’une vigueur au-dessus de la sienne, doit la fortifier par de l’infanterie.

Quand on juge à propos de placer de l’infanterie dans les ailes, il faut des corps plus nombreux et en état de faire un feu continuel, et de se défendre s’ils étaient abandonnés de leur cavalerie. Aussi, depuis assez longtemps, y place-t-on des bataillons entiers, quelquefois deux, trois et quatre à côté l’un de l’autre seulement a un endroit de la ligne ; quelques généraux en ont placé en deux ou trois endroits de la ligne, tous dans les mêmes alignemens de la cavalerie, et formés à l’ordinaire en carré long.

Mais comme ces bataillons sont placés dans la ligne à l’ordinaire, ils ne peuvent tirer facilement que devant eux fort peu obliquement, et point du tout sur le flanc ; c’est pourquoi, quand une ligne de cavalerie marche pour attaquer celle qu’elle croit être protégée du feu de l’infanterie, les escadrons qui se trouvent vis-à-vis de cette infanterie s’arrêtent un peu éloignés pour ne pas essuyer son feu de trop près, tandis que le reste de la ligne marche toujours pour attaquer la cavalerie qui est vis-à-vis d’elle. Si l’infanterie fait feu sur la cavalerie qui avance, dans le moment les escadrons qui étaient arrêtés vont au grand trot pour l’enfoncer alors sûrement elle ne