Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1095

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ront jusqu’à ce qu’ils reçoivent ordre d’avancer ou de tirer ; pour lors chaque bataillon formera le rond et tirera. Je crois que la colonne serait en cette occasion meilleure que le rond.

Mais pour rendre ces bataillons encore plus forts, et leur ôter toute crainte de la cavalerie ennemie, j’observerai qu’il serait bon qu’ils eussent des chevaux de frise, comme en avaient des nations contre lesquelles nous avons fait la guerre ; et au lieu de les faire porter dans les marches, comme elles le faisaient par des soldats des bataillons qu’elles destinaient à cela, il faudrait les faire voiturer sur des charrettes d’artillerie, ce qui n’en demanderait que fort peu, et un jour d’affaire on les distribuerait aux bataillons qui seraient destinés pour être placés dans les ailes.

Si la cavalerie de l’ennemi était si considérablement supérieure à la vôtre que vous fussiez obligé de mettre de l’infanterie aux ailes de la seconde ligne aussi bien qu’à celle de la première ligne, il faudrait prendre également des bataillons de la seconde ligne pour les placer dans ses ailes, comme on a fait pour la première, et donner le double de distance entre les bataillons du centre.

On doit regarder une seconde ligne comme une grosse réserve, pour en fortifier la première, et en remplacer les troupes qui auront été battues et comme les bonnes troupes ne sont pas toutes emportées en même temps, la seconde ligne suppléera par, d’autres à celles qui auront été obligées de plier, et on fera avancer en leur place ce qui sera tiré de cette seconde ligne pour se joindre à ce qui combat encore, et remettre ainsi la première en force.

On est persuadé que des bataillons placés comme ci-dessus, à la tête des ailes de la première ligne, doivent donner un grand avantage sur celle qui n’en a pas ; et comme on les tire de la seconde ligne, on fait combattre par ce moyen un plus grand nombre d’hommes. Ces bataillons, loin de nuire à la ligne devant laquelle ils sont placés, la rendent supérieure à celle de l’ennemi, et même le mettent en état de s’ébranler, et de marcher droit à lui dans la disposition ci-dessus marquée, au lieu d’attendre qu’il vienne l’attaquer.

On pourrait aussi poster de la cavalerie à la tête du centre de la seconde ligne, d’où elle se porterait brusquement sur la partie de la première qui aurait besoin de son secours ; ce que je croirais être fort bon dans le cas où il y aurait des distances considérables entre les bataillons de la seconde ligne, pour servir de passage à ladite cavalerie en cas de besoin.

Quoique l’on puisse, par une bonne disposition de son infanterie mêlée avec de la cavalerie, prendre en plaine un ordre de bataille qui fasse perdre à son ennemi l’avantage de sa supériorité en cavalerie pour un combat général, néanmoins, si nous le supposons si fort supérieur, il a bien d’autres avantages dans les plaines unies telles qu’il en est question ; car, sans hasarder de bataille, il peut se servir de sa supériorité en cavalerie pour resserrer son ennemi dans ses subsistances, tandis qu’il lui est facile de s’en procurer abondamment, étant le maître de la campagne, parce qu’il n’est pas praticable dans les plaines d’envoyer de l’infanterie avec de la cavalerie loin du camp, soit pour faire la guerre et incommoder son ennemi, soit aussi pour faire des fourrages et autres opérations pour tout le service