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firmer. Seule représentant la population, seule responsable, elle absorbait à cette heure tous les pouvoirs, ne pouvait tolérer, à côté d’elle, un Comité qui se souviendrait toujours de son ancien rôle. La Commune avait rendu justice au Comité Central en votant qu’il avait bien mérité de Paris et de la République, l’avait chaleureusement accueilli la veille ; elle devait, aujourd’hui, déclarer son rôle terminé. Au lieu de parler net, on récrimina.

Un membre de la Commune rappela la promesse du Comité de se dissoudre après les élections. À moins qu’il ne visât à conserver un pouvoir, on ne comprenait pas en quoi son organisation était nécessaire. Les délégués, menés par Arnold qui fut ensuite de la Commune, se montrèrent adroits.

« C’est la Fédération, dirent-ils, qui a sauvé la République. Tout n’est pas encore dit. Dissoudre cette organisation, c’est désagréger votre force. Le Comité Central ne prétend retenir aucune part du gouvernement, il reste le trait d’union entre vous et les gardes nationaux, le bras de la révolution. Nous redevenons ce que nous étions, le grand conseil de famille de la garde nationale. »

Cette image porta ; les délégués ne demandaient qu’à voir définir les pouvoirs du Comité, disaient-ils. On les crut. Mais voilà que le lendemain, cette note officielle parvient à la Commune : « Le Comité Central délègue le général Cluseret au département de la Guerre, où il réorganisera la garde nationale sous la direction du Comité. » L’assemblée se soulève. Mortier et Paschal Grousset veulent la suppression du Comité. On demande à Duval s’il garantit la sécurité de l’assemblée. Duval se hâte de changer le gouverneur de l’Hôtel-de-Ville et nomme Pindy en place d’Assi. Arthur Arnould veut que le Comité Central soit cité à comparaître. Les membres de la Commune qui ont appartenu au Comité Central sont chargés d’exiger des explications. Ils les apportent à la séance de nuit. Le Comité désavoue la rédaction de la note et Cluseret désavoue sa nomination. La Commune se déclare satisfaite, ne tranche rien.

Le lendemain, le Comité revient à la charge. Ses délégués demandent l’intendance, le droit de réorga-