Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

utilisa que 200. Il n’y eut que cinq cents artilleurs quand les états en accusaient 2 500.

Dombrowski occupait le pont d’Asnières, Levallois, Neuilly, avec quatre ou cinq mille hommes au plus[1]. Pour se couvrir il avait : à Clichy et Asnières une trentaine de bouches à feu et deux wagons blindés qui, depuis le 15 avril jusqu’au 22 mai, même après l’entrée des troupes, ne cessèrent de sillonner la voie ; à Levallois, une dizaine de pièces. Les remparts du nord l’assistaient et la valeureuse porte Maillot le couvrait à Neuilly.

Sur la rive gauche d’Issy à Ivry, dans les forts, les villages, les tranchées, il y avait dix à onze mille fédérés. Le fort d’Issy contenait en moyenne six cents hommes et cinquante pièces de sept et de douze, dont les deux tiers inactives. Les bastions 72 et 73 le soulageaient un peu, aidés de quatre locomotives blindées, en panne sur le viaduc du Point du Jour. Au-dessous, les canonnières réarmées tiraient sur Breteuil, Sèvres, Brimborion, osaient même s’aventurer jusqu’à Châtillon et canonner Meudon à découvert. Quelques centaines de tirailleurs occupaient le parc et le château d’Issy, les Moulineaux, le Val et les tranchées qui reliaient le fort d’Issy à celui de Vanves. Ce dernier, dominé comme Issy, soutenait vaillamment son effort avec une garnison de cinq cents hommes et une vingtaine de canons. Les bastions de l’enceinte le secondaient très mal.

Le fort de Montrouge, avec 350 hommes et dix ou quinze bouches à feu, n’avait d’autre rôle que d’appuyer les feux de Vanves. Celui de Bicêtre, pourvu de 500 hommes et de vingt bouches à feu, tirait au jugé. Trois

  1. Ces chiffres ont été soigneusement vérifiés, de visu d’abord, pendant la lutte, ensuite auprès des commandants d’armée, officiers supérieurs et fonctionnaires de la Commune. Le général Appert a dressé des tableaux de pure fantaisie. Il a créé des brigades imaginaires, construit des effectifs d’armée avec des situations de prises d’armes, comme si les bataillons désignés étaient tous réellement sortis, fait des double emplois continuels. Il arrive ainsi à donner plus de 20 000 hommes à Dombrowski et jusqu’à 50 000 aux trois commandants d’armée. Son rapport fourmille d’erreurs de noms, d’attributions, ignore jusqu’aux noms de certains commandants généraux.