Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/26

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la justice, la morale, sans distinction de couleur, de croyance et de nationalité. Ils considèrent comme un devoir de réclamer pour tous les droits d’homme et de citoyen ». Les grands journaux de l’Europe parlent comme Henri Martin. Par eux l’Internationale entre solennellement sur la scène comme une puissance reconnue, éclipse le congrès d’étudiants de tous les pays tenu peu après à Liège. Il n’émut guère que le quartier Latin représenté par Albert Regnard, Germain Casse, Jaclard, etc., porteurs d’un drapeau noir, le seul, disaient-ils, qui convînt à la France en deuil de ses libertés. Ils furent à leur retour exclus de l’Académie de Paris. Le quartier s’en souvint et, pour se venger aussi du mutilateur de son jardin du Luxembourg, il manifesta lorsque l’Empereur vint un soir de mars 66, à l’Odéon.

Vers cette époque on entendit un gémissement au Palais-Bourbon. Malgré les urnes tripotées, quelques rares très riches ou de vieille influence provinciale avaient pu traverser les mailles administratives et arriver au Corps législatif. S’ils votent pour les Tuileries, ils s’inquiètent un peu du gérant de l’immeuble et quarante-cinq demandent quelques bribes de liberté. Rouher se fâche, les quarante-cinq dont l’amendement a réuni 63 voix lâchent pied, votent l’adresse que le Corps législatif dépose aux pieds de l’Empereur.

Un seul des pouvoirs d’État, l’immuable, n’avait pas abdiqué. Do ut des est la devise cléricale. Le clergé n’était allé à Louis-Napoléon qu’à la condition de doubler sa mise. Le Président avait payé par l’expédition de Rome — 1849 — la loi Falloux sur l’Enseignement, des faveurs aux congrégations, aux associations religieuses, aux Jésuites ; l’Empereur, en adoptant les doctrines ultramontaines, laissant pousser les vierges miraculeuses, proclamer l’Immaculée Conception et ce quasi dogme : Rome, souveraine des catholiques. La guerre d’Italie, l’expédition de Garibaldi, la défaite des troupes pontificales, l’annexion de Naples mirent le pape en fureur. Il accusa Napoléon III ; les évêques le suivirent. L’Empereur n’est plus Constantin maintenant, c’est « Judas ». Napoléon III n’ose pas poursuivre ; d’ailleurs sa femme est là. S’il subit les prêtres comme des alliés, elle les aime en galante convertie ; le pape