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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

par cette tourbe qui accourait à tous les convois couvrir de coups et de crachats les défenseurs de Paris. Tout juste assez brave pour écouter les canons qui bombardaient Issy.

Les Versaillais avaient repris le feu avec fureur. Les obus crevaient les casemates, pulvérisaient les revêtements, les boîtes à mitraille pavaient de fer les tranchées. Une partie du village d’Issy était aux soldats. Dans la nuit du 1er au 2, procédant toujours par surprises nocturnes, ils attaquèrent la gare de Clamart qui fut enlevée presque sans lutte et le château d’Issy qu’ils durent conquérir pied à pied. Le 2, au matin, le fort se retrouvait aussi compromis que l’avant-veille. Dans la journée, le bataillon des francs-tireurs de Paris les délogea à la baïonnette. Eudes vint déclarer à la Guerre qu’il ne resterait pas si l’on ne relevait Wetzel. Wetzel fut remplacé par La Cécilia ; Eudes laissa le commandement à son chef d’état-major et ne revint pas. Malgré cet abandon, Rossel le nomma commandant de la 2me réserve active.

Bientôt, il fut évident que sous Rossel, malgré ses boutades, tout continuerait comme sous Cluseret. Rossel demandait bien que les municipalités fussent chargées de rechercher les armes, de dresser l’état des chevaux, de poursuivre les réfractaires ; il n’indiquait aucune voie d’exécution. Il ordonnait la construction d’une seconde enceinte de barricades, de trois citadelles à Montmartre, au Trocadéro, au Panthéon qui pouvaient rendre Paris inaccessible ou intenable à l’ennemi, il n’y mettait pas la main. Il étendait le commandement de Wroblewski sur toutes les troupes et les forts de la rive gauche ; il le lui reprenait en partie trois jours après. Aux généraux, il ne donnait aucune instruction d’attaque ou de défense. Pas plus que son prédécesseur il n’envoyait de rapports à la Commune. Pas plus que Cluseret, il ne savait indiquer à cette lutte sans précédents une tactique nouvelle, trouver un champ de bataille à ces soldats improvisés. La forte tête, qu’on supposait, n’était que d’un homme d’école, rêvant bataille rangée, soldat de manuel, original seulement d’attitude et de style. Toujours à se plaindre de l’indiscipline, du manque d’hommes et laissant couler le meil-