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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

à la tête des 187e et 105e bataillons de cette 11e légion, qui, jusqu’au dernier jour, fournit indéfiniment à la défense. À quatre heures du matin, Wroblewski parut devant les glacis où se tenaient les Versaillais, les chargea à la baïonnette, les mit en fuite, leur fit des prisonniers, et replaça le fort dans nos mains. Une fois de plus, les braves fédérés montrèrent ce qu’ils pouvaient quand ils étaient conduits.

Dans la journée, les Versaillais remplirent d’obus et de grenades au picrate de potasse le couvent des Oiseaux et le village d’Issy dont la grande rue ne fut plus que décombres. Pendant la nuit du 12 au 13, ils surprirent le lycée de Vanves ; le 15, ils attaquèrent le séminaire d’Issy. Depuis cinq jours, Brunel s’efforçait de mettre un peu d’ordre dans la défense de ce village. Rossel avait envoyé chercher ce brave membre de la Commune que la jalousie des coteries tenait dans l’éloignement, et lui avait dit : « La situation d’Issy est à peu près perdue, voulez-vous la prendre ? » Brunel se dévoua, releva des barricades, demanda de l’artillerie (il n’y avait que quatre pièces) et de nouveaux bataillons pour remplacer les 2 000 hommes qui tenaient là depuis quarante et un jours. On ne lui envoya que deux ou trois cents hommes. — C’est ce que le général Appert appelle la brigade Brunel forte de 7 882 hommes. — Brunel fortifia le séminaire où les fédérés, accablés d’obus, ne purent tenir, organisa une seconde ligne dans les dernières maisons du village et, le soir, il se rendit à la Guerre où Delescluze l’avait convoqué à un conseil de guerre.

Le premier tenu depuis le 3 avril. Dombrowski, Wroblewski, La Cécilia s’y trouvaient. Dombrowski, encore enthousiaste parlait de lever cent mille hommes. Wroblewski, plus pratique, proposait de reporter contre les tranchées du sud l’effort inutilement dépensé à Neuilly. On parla beaucoup sans conclure. La séance était levée lorsque Brunel arriva ; il alla voir Delescluze à l’Hôtel-de-Ville et reprit le chemin d’Issy. À la porte de Versailles, il aperçut au delà de l’enceinte ses bataillons qui, sourds à leurs chefs, avaient évacué le village et prétendaient rentrer. Brunel, ne voulant pas leur livrer passage, essaya de prendre par la porte de