Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
340
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

corde, prise entre ces feux croisés, se jonche de débris de fontaines, de candélabres, de statues. Lille est décapitée, Strasbourg grêlée de projectiles.

Rive gauche, les Versaillais cheminent de maison en maison. Les habitants du quartier les secondent et, derrière leurs jalousies, tirent sur les fédérés. Ceux-ci, forcent et allument les maisons traîtresses. Les obus versaillais avaient commencé l’incendie ; le reste du quartier fut vite en flammes. Les troupes continuent de gagner du terrain, occupent le ministère de la Guerre, la direction du Télégraphe, arrivent à la caserne de Bellechasse et rue de l’Université. Leurs obus démolissent les barricades du quai et de la rue du Bac. Le bataillon fédéré qui tient depuis deux jours à la Légion d’honneur n’a plus d’autre retraite que les quais. À cinq heures, il évacue cette chapelle après l’avoir incendiée.

À six heures, la barricade de la chaussée d’Antin succombe. L’ennemi, s’avançant par les rues latérales, a occupé le nouvel Opéra entièrement dégarni. Du haut des toits, les fusiliers-marins ont dominé la barricade. Au lieu de les imiter, d’occuper les maisons, les fédérés, là comme partout ailleurs, se sont obstinés derrière les pavés.

À huit heures, la barricade de la rue Neuve-des-Capucines, au débouché du boulevard, cède sous le feu des pièces de 4 établies rue Caumartin ; les Versaillais touchent à la place Vendôme, que tient encore le colonel Spinoy.

Sur tous les points, l’armée a fait des progrès décisifs. La ligne versaillaise, partant de la gare du Nord, suit les rues Rochechouart, Cadet, Drouot dont la mairie est prise, le boulevard des Italiens, fait saillie à la place Vendôme et à la place de la Concorde, ondule rue du Bac, à l’Abbaye-au-Bois, au boulevard d’Enfer, pour aboutir au bastion 81. La place de la Concorde et la rue Royale, enveloppées sur leurs flancs, s’avancent comme un cap au milieu des brisants. Ladmirault fait face à la Villette ; sur sa droite, Clinchant occupe le IXe ; Douai se présente place Vendôme ; Vinoy donne la main à Cissey qui opère sur la rive gauche. Les fédérés n’occupent plus à cette heure que la moitié à peine de Paris.