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Victor Noir s’en va tomber dans la cour le cœur troué d’une balle. Paris reçut le coup en plein. Cet enfant tué, ce Bonaparte assassin, bouleversèrent tous les foyers, la pitié de la femme et la passion du mari. Quand, le lendemain, la Marseillaise cria : « Peuple français, est-ce que décidément tu ne trouves pas que c’en est assez ! », l’émeute fut certaine ; elle eût éclaté si la police n’avait retenu le cadavre à Auteuil.

Le 12 janvier 70 deux cent mille Parisiens remontent les Champs-Élysées pour faire à leur enfant de grandes funérailles. L’armée, renforcée des garnisons voisines tient tous les points stratégiques et le maréchal Canrobert, reniflant l’odeur de Décembre promet la fusillade. À Auteuil, Delescluze et Rochefort, qui voient le massacre imminent, obtiennent qu’on portera le cercueil au cimetière, contre Flourens et les révolutionnaires qui veulent l’emmener à Paris. Ils n’eussent pas franchi la barrière, qui laissa rentrer à peine Rochefort et une tête de colonne, vite refoulée à la hauteur des Champs-Élysées. Les mamelucks se plaignirent qu’on n’eût pas profité de l’occasion pour faire la bonne saignée qu’ils déclaraient indispensable.

Le premier acte du libéral Émile Ollivier fut de demander des poursuites contre Rochefort. Elles furent votées le 17 malgré, il faut le dire, l’opposition de l’extrême-Gauche. La foule qui entourait le Palais-Bourbon, refoulée à coups de casse-têtes, cria : Vive la République ! devant la terrasse des Tuileries où se promenait l’empereur.

Le second acte libéral du rapporteur de la loi sur les coalitions, fut de diriger l’armée contre les ouvriers du Creusot qui demandaient à gérer eux-mêmes leur caisse de retraite alimentée par leurs propres deniers.

Le président du Corps législatif, Schneider, chef de ce fief féodal, avait expulsé les membres du comité ouvrier ayant Assi en tête. Schneider quitta le fauteuil présidentiel, accourut dans sa baronnie avec trois mille soldats et deux généraux, ramena tout son monde aux carrières et traduisit un grand nombre de ses ouvriers devant le tribunal d’Autun.

Le bureau de l’Internationale, à nouveau reformé sous