Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
409
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

La presse des fusillards déclara qu’il était devenu fou. Francisque Sarcey l’appela « vieux pitre, héron mélancolique, queue rouge, saltimbanque usé, pauvre homme gonflé de phrases, énormément ridicule »[1]. Un autre illustre, Xavier de Montépin, proposa de l’exclure de la Société des gens de lettres. Louis Blanc et Schœlcher lui écrivirent une lettre de blâme. La maison du poète fut lapidée par une bande d’élégants, et le pays d’Artevelde expulsa Victor Hugo comme il avait expulsé Proudhon.

Mazzini avait flétri ces insurgés qui ne voulaient ni Dieu ni maître ; mais Bebel dans le Parlement allemand, Whalley à la Chambre des communes, dénoncèrent la furie versaillaise et défendirent la Commune de Paris ; Garcia Lopez dit à la tribune des Cortès : « Nous admirons cette grande révolution que nul ne peut apprécier sainement aujourd’hui. » Un hommage solennel fut rendu à l’Internationale par le Congrès des États-Unis.

Les travailleurs étrangers firent de grandes funérailles à leurs frères de Paris. À Londres, à Bruxelles, à Berlin, à Genève, à Zurich, à Leipzig, des réunions monstres se déclarèrent solidaires de la Commune, vouèrent les massacreurs à l’exécration du monde et déclarèrent complices de ces crimes les gouvernements qui n’avaient pas fait de remontrances. Tous les journaux socialistes glorifièrent la lutte des vaincus. La grande voix de l’Internationale raconta leur effort dans une adresse éloquente et confia leur mémoire aux travailleurs du monde entier.

  1. Le Drapeau tricolore, 1er juillet 71.