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APPENDICE

commandant Lienard ayant reçu l’ordre de livrer pour trois cents francs un lot de riblons, écrivit à la Guerre que ce lot en valait quinze cent mille. Le général Suzane lui écrivit :

« Mon cher commandant,

« Le ministre me charge de vous rappeler qu’il vous est interdit de faire la moindre observation quand il vous envoie des ordres et que votre devoir est de les exécuter.

« Susane. »

P. S. — Attrape, mon vieux !


II


Le Comité Central surpris comme tout Paris

« Je vous rappelle que les membres du Comité s’étaient séparés à trois heures et demie environ du matin dans la nuit du 17 au 18. Avant de lever la séance, il avait été décidé que la réunion du lendemain aurait lieu à onze heures du soir, rue Basfroi, dans une école mise en réquisition.

« Malgré cette heure avancée, rien n’avait encore transpiré des mouvements que le gouvernement avait décidés, et le Comité qui venait seulement de se constituer par l’examen des pouvoirs et la distribution des commissions n’avait reçu aucun avis qui pût lui faire supposer l’imminence du péril. Sa commission militaire n’avait pas encore fonctionné. Elle avait pris possession des documents, notes et procès-verbaux de l’ancienne et c’était tout.

« Vous savez comment Paris s’éveilla le 18 au matin. Les membres du Comité apprirent les événements de la nuit par la rumeur publique et les affiches officielles. Pour mon compte, réveillé à huit heures environ, je me hâtai de m’habiller et je me rendis rue Basfroi en traversant la place de la Bastille occupée par la garde de Paris. À peine entré dans la rue de la Roquette, je vis que le peuple commençait à organiser la défense. On ébauchait une barricade au coin de la rue Neuve-de-Lappe. Je me vis refuser le passage un peu plus haut