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Brunel, ancien officier expulsé de l’armée sous l’Empire pour ses opinions républicaines, et résolurent de marcher sur les forts de l’Est commandés par l’amiral Saisset à qui les journaux faisaient une réputation de Beaurepaire. À minuit, le rappel et le tocsin appelèrent les Xe, XIIIe et XXe arrondissements. Mais la nuit était glaciale, la garde nationale trop énervée pour un coup de désespoir. Deux ou trois bataillons vinrent seuls au rendez-vous. Brunel fut arrêté deux jours après.

Le 29 janvier 71, le drapeau allemand monta sur les forts. Le pacte était signé de la veille. Quatre cent mille hommes armés de fusils, de canons, capitulaient devant deux cent mille. Les forts, l’enceinte étaient désarmés. Toute l’armée, deux cent quarante mille soldats, marins et mobiles, devenait prisonnière. Paris devait payer deux cent millions sous quinze jours. Le Gouvernement se faisait honneur d’avoir conservé ses armes à la garde nationale, mais chacun savait qu’il aurait fallu saccager Paris pour les lui ravir. Enfin, non content de livrer Paris, le Gouvernement de la Défense nationale livrait la France entière ; l’armistice s’appliquait à toutes les armées de province, sauf celle de Bourbaki à peu près cernée, la seule qui en aurait bénéficié. Quand il vint un peu d’air frais de la province, on sut que Bourbaki, poussé par les Allemands, avait dû, après une comédie de suicide, jeter son armée en Suisse.

La fièvre électorale remplaça la fièvre du siège. Le 8 février devait enrichir la France d’une nouvelle Assemblée nationale et Paris s’y prépara. Des hommes de la Défense, Gambetta fut le seul inscrit sur la plupart des listes pour n’avoir pas désespéré de la patrie, surtout quand on connut sa proclamation flétrissant la paix honteuse et son explosion de décrets radicaux.

Quelques journaux portaient Jules Favre et Picard qui avaient eu l’adresse de se faire croire les outranciers du Gouvernement ; aucun n’osa pousser jusqu’à Trochu, Jules Simon, Jules Ferry. Le parti d’avant-garde multiplia des listes qui expliquaient son impuissance pendant le siège. Les gens de 48 refusèrent d’admettre Blanqui, mais acceptèrent pour se teinter plusieurs membres de l’Internationale, et leur liste bigarrée de néo-jacobins et de socialistes s’intitula des quatre Co-