Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/102

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Les hommages que les polonaises ont inspirés ont toujours été d’autant plus fervens, qu’elles ne visent pas aux hommages ; elles les acceptent comme des pis-aller, des préludes, des passe-temps insignifians. Ce qu’elles veulent, c’est l’attachement ; ce qu’elles espèrent, c’est le dévouement ; ce qu elles exigent, c’est l’honneur, le regret et l’amour de la patrie. Toutes, elles ont une poétique compréhension d’un idéal qu’elles t’ont miroiter dans leurs entretiens, comme une image qui passerait incessamment dans une glace et qu’elles donnent pour tâche de saisir. Méprisant le fade et trop facile plaisir de plaire seulement, elles voudraient avoir celui d’admirer ceux qui les aiment ; de voir deviné et réalisé par eux un rève d’héroïsme et de gloire qui ferait de chacun de leurs frères, de leurs amoureux, de leurs amis, de leurs fils, un nouveau héros de sa patrie, un nouveau nom retentissant dans tous les cœurs qui palpitent aux premiers accens de la Mazoure liée à son souvenir. Ce romanesque aliment de leurs désirs prend dans l’existence de la plupart d’entr’ elles, une place qu’il n’a certes pas chez les femmes du Levant , ni même chez celles du Couchant.

Les latitudes géographiques et psychologiques dans lesquelles le sort les f’ait vivre offrent également ces climats extrêmes, où les étés brûlans ont des splendeurs et des orages torrides, où les hivers et leurs frimas ont des froidures polaires, où les cœurs savent aimer et haïr avec la même ténacité, pardonner et oublier