Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/122

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IV.

Après avoir parlé du compositeur et de ses œuvres, où tant de sentimens immortels résonnent, où son génie, aux prises avec la douleur, lutta, parfois vainqueur, parfois vaincu, contre cet élément terrible de la réalité qu’une des missions de l’art est de réconcilier avec le ciel ; de ses œuvres où se sont épanchés, comme des pleurs dans un lacrymatoire, tous les souvenirs de sa jeunesse, toutes les fascinations de son cœur, tous les transports de ses aspirations et de ses emportemens inexprimés ; de ses œuvres où, dépassant les bornes de nos sensations trop obtuses pour sa guise, de nos perceptions trop ternes à son gré, il fait incursion dans le monde des Dryades, des Oréades, des Nymphes et des Océanides, — il nous resterait à parler de l’exécution de Chopin, si nous en avions le triste courage ; si nous pouvions exhumer des émotions entrelacées à nos plus intimes souvenirs personnels, pour parer leurs linceuls des couleurs dont il faudrait les peindre. Nous ne nous en sentons pas l’inutile force, car quel résultat pourraient obtenir nos efforts ? Réussirait-on