Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/214

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il préféra traverser Paris d’un bout à l’autre, pour refuser un diner ou faire part de légères informations, plutôt que de s’en épargner la peiite au moyen d’un petite feuille de papier. Son écriture resta comme inconnue à la plupart de ses amis. On dit qu’il lui est arrivé de s’écarter de cette habitude en faveur de ses belles compatriotes fixées à Paris, dont quelques-unes possèdent de charmans autographes de lui, tous en polonais. Cette infraction à ce qu’on eût pu prendre pour une règle, s’explique par le plaisir qu’il avait à parler sa langue, qu’il employait de préférence et dont il se plaisait à traduire aux autres les locutions les plus expressives. Comme les slaves en général, il possédait très-bien le français ; d’ailleurs, vû son origine française, il lui avait été enseigné avec un soin particulier. Mais, il s’en accommodait mal, lui reprochant d’être peu sonore à l’oreille et d’un génie froid.

Cette manière de le juger est d’ailleurs assez répandue parmi les polonais, qui s’en servent avec une grande facilité, le parlent beaucoup entre eux, souvent mieux que leur propre langue, sans jamais cesser de se plaindre à ceux qui ne la connaissent pas de ne pouvoir rendre dans un autre idiome que le leur, les chatoiemens infinis de l’émotion, les nuances éthérées de la pensée. C’est tantôt la majesté, tantôt la passion, tantôt la grâce, qui à leur dire fait défaut aux mots français. Si on leur demande le sens d’un vers, d’une parole.citée par eux en polonais, — Oh ! c’est intraduisible ! — est Unmanquablement