Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/219

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aimant beaucoup les fleurs, il en ornait toujours le sien. Sans approcher de l’éclatante richesse dont à cette époque quelques-unes des célébrités de Paris décoraient leurs demeures, il gardait sur ce point, ainsi que sur le chapitre des élégances de cannes, d’épingles, de boutons, des bijoux fort à la mode alors, l’instinctive ligne du comme il faut, entre le trop et le trop peu.

Comme il ne confondait son temps, sa pensée, ses démarches,

de la vie. En tout cas, quelqu’emploi qu’elles en fassent, la langue polonaise est dans la bouche des femmes bien plus douce et plus caressante que dans celle des hommes. — Quand eux ils se piquent de la parler avec élégance, ils lui impriment une sonorité mâle qui semble pouvoir s’adapter très-énergiquement aux mouvemens de l’éloquence, autrefois si cultivée en Pologne. La poésie puise dans ces matériaux si nombreux et variés, une diversité de rhythmes et de prosodies, une abondance de rimes et de consonances, qui lui rendent possible de suivre, musicalement en quelque sorte , le coloris des sentimens et des scènes qu’elle dépeint, non seulement en courtes onomatopées, mais durant de longues tirades. — On a comparé avec raison l’analogie du polonais et du russe, à celle qui existe entre le latin et l’italien. En effet, la langue russe est plus mélismatique, plus allanguie, plus soupirée. Son cadencement est particulièrement approprié au chant , si bien que ses belles poésies, celles de Zukowski et dePouchkin, paraissent renfermer une mélodie toute dessinée par le mètre des vers. Il semble qu’on n’ait qu’à dégager un arioso ou un doux cantabilede certaines stances, telles que le Chiite noir, le Talisman, et bien d’autres. — L’ancien slavon, qui est la langue de l’Église d’Orient, a un tout autre caractère. Une grande majesté y prédomine ; plus gutturale que les autres idiomes qui en découlent, elle est sévère et monotone avec grandeur, comme les peintures byzantines conservées dans le culte auquel elle est incorporée. Elle a bien la physionomie d’une langue sacrée qui n’a servi qu’à un seul sentiment, qui n’a point été modulée, façonnée, énervée, par de profanes passions, ni aplatie et réduite à de mesquines proportions par de vulgaires besoins.