Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/237

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« êtres qui ne pensaient pas comme lui devenaient à ses « yeux comme des espèces de fantômes, et, comme il « était d’une politesse charmante, on pouvait prendre « pour une bienveillance courtoise ce qui n’était chez lui « qu’un froid dédain, voire une aversion insurmontable…

« Il n’a jamais eu une heure d’expansion, sans la « racheter par plusieurs heures de réserve. Les causes « morales en eussent été trop légères, trop subtiles pour « être saisies à l’œil nu. II aurait fallu un microscope « pour lire dans son âme où pénétrait si peu de la lu« mière des vivans…

« Il est fort étrange qu’avec un semblable caractère « il pût avoir des amis. Il en avait pourtant ; non-seule« ment ceux de sa mère, qui estimaient en lui le digne « fils d’une noble femme, mais encore des jeunes gens « de son âge qui l’aimaient ardemment et qui étaient « aimés de lui… Il se faisait une haute idée de l’amitié, « et, dans l’âge des premières illusions, il croyait volon« tiers que ses amis et lui, élevés à-peu-près de la même « manière et dans les mêmes principes, ne changeraient « jamais d’opinion et ne viendraient point à se trouver « en désaccord formel…

« Il était extérieurement si affectueux, par suite de « sa bonne éducation et de sa grâce naturelle, qu’il avait « le don de plaire même à ceux qui ne le connaissaient « pas. Sa ravissante figure prévenait en sa faveur ; la « faiblesse de sa constitution le rendait intéressant aux