Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/296

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pour une réalité fiévreuse, passe de cette fièvre à une autre qui devient une insanité ou un délire, aboutissant à un état qui donne, avec le dégoût de la satiété ou l’irrationalité du vice, le dédain de l’indifférence ou la dureté de l’oubli envers l’autre, dont il devient l’éternel tourment, si ce n’est l’étemelle horreur. Alors certes, l’amour n’a eu que des commencemens !.. Mais, restant chez l’un toujours élevé, toujours distingué, en présence de celui qui ne recule pas devant l’ignoble et le vulgaire, il se change pour lui en un souvenir ou en un regret qui, sans être le remords auquel pourtant il ressemble, se change en un ver rongeur. Sa dent impitoyable s’enfonce dans le cœur et le fait saigner, jusqu’à ce que son dernier souffle de vie s’éteigne dans un dernier spasme de douleur.

Ces commencemens, dont parlait Mm* de Staël, étaient depuis longtemps épuisés entre l’artiste polonais et le poète français. Ils ne s’étaient même survécus chez l’un que par un violent effort de respect pour l’idéal qu’il avait doré de son éclat foudroyant ; chez l’autre, par une fausse-honte qui sophistiquait sur la prétention de conserver la constance sans la fidélité. Le moment vint où cette existence factice, qui ne réussissait plus à galvaniser des fibres desséchées sous les yeux de l’artiste spiritualiste, lui sembla dépasser ce que l’honneur lui permettait de ne pas apercevoir. Nul ne sut quelle fut la cause ou le prétexte d’une rupture soudaine ; on vit seulement qu’après une opposition violente au