Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/322

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passant apportait au monticule, qui ainsi grandissait insensiblement à une hauteur inattendue, l’œuvre anonyme de tous. De nos jours, des monumens sont encore érigés par un procédé analogue ; mais, grâce à une heureuse combinaison, au lieu de ne bâtir qu’un tertre informe et grossier, la participation de tous concourt à une œuvre d’art, destinée à perpétuer le muet souvenir qu’on voulait honorer, en réveillant dans les âges futurs, à l’aide de la poésie du ciseau, les sentimens éprouvés par les contemporains. Les souscriptions ouvertes pour élever des statues et des tombes magnifiques aux hommes qui ont illustré leur pays et leur époque, produisent ce résultat.

Aussitôt après le décès de Chopin, M. Camille Pleyel conçut un projet de ce genre en établissant une souscription, qui, conformément à toute prévision, atteignit rapidement un chiffre considérable, dans le but de lui faire exécuter au Père-Lachaise un monument en marbre. Pour notre part, en songeant à notre longue amitié pour Chopin, à l’admiration exceptionnelle que nous lui avions vouée dès son apparition dans le monde musical ; à ce que, artiste comme lui, nous avions été le fréquent interprète de ses inspirations et, nous osons le dire, un interprète aimé et choisi par lui ; à ce que nous avons plus souvent que d’autres recueilli de sa bouche les procédés de sa méthode ; à ce que nous nous sommes identifié en quelque sorte à ses pensées sur l’art et aux sentimens qu’il lui confiait, par cette longue