Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/59

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si pleine de fraicheur et de lueurs matinales, de ramages et de garouillemens dans les grands bois ombrés, ne perd rien, au dire de qui s’y entend, devant les plus splendides toiles des paysagistes les plus renommés, de Hobbéma à Dupré, du Berghem de velours à Morgenstern ! Mais que le jour de la résurrection arrive, que le mort bien-aimé rejette son linceul, que le triomphe de la vie apparaisse, et l’on verra aussitôt tout le passé, enseveli, non oublié, resplendir dans les cœurs, dans les imaginations, sous la plume des poètes et des musiciens, comme il resplendit déjà sous le pinceau des peintres.

La musique primitive des Polonaises, dont il ne s’est point conservé d’échantillon qui remonte au delà d’un siècle, a peu de prix pour l’art. Celles qui ne portent pas de nom d’auteur, mais dont la date est indiquée par des noms des héros sous l’invocation desquels un heureux sort les a placés, sont pour la plupart graves et douces. La Polonaise, dite de Kosciuszko, en est le modèle le plus répandu ; elle est tellement liée à la mémoire de son époque, que nous avons vu des femmes à qui elle en rappelait le souvenir ne pouvoir l’entendre sans éclater en sanglots. La princesse F. L. qui avait été aimée de Kosciuszko, n’était sensible dans ses derniers jours, alors que l’âge avait affaibli toutes ses facultés, qu’à ces accords retrouvés encore sur le clavier par ses mains tremblantes, car ses yeux n’en apercevaient plus les touches. Quelques autres de ces