Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/98

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de houris dans les yeux, des indolences de sultanes, des révélations d’indicibles tendresses fugitives comme l’éclair, des gestes naturels qui caressent sans enhardir, des mouvemens distraits dont la lenteur enivre, des poses inconscientes et affaissées qui distillent un fluide magnétique. Kllos séduisent par cette souplesse des tailles qui ne connaissent pas la gène et que l’étiquette ne parvient jamais à guinder ; par ces infle\ions de voix qui brisent et font venir des larmes d’on ne sait quelle région du cœur ; par ces impulsions soudaines qui rappellent la spontanéité de la gazelle. Elles sont superstitieuses, friandes, enfantines, faciles à amuser, faciles à intéresser, comme les belles et ignorantes créatures qui adorent le prophète arabe ; en même temps intelligentes, instruites, pressentant avec rapidité tout ce qui ne se laisse pas voir, saisissant d’un coup d’oeil tout ce qui se laisse deviner, habiles à se servir de ce qu’elles savent, plus habiles encore à se taire longtemps et même toujours, étrangement versées dans la divination des caractères qu’un trait leur dévoile, qu’un mot éclaire à leurs yeux, qu’une heure met à leur merci !

Généreuses, intrépides, enthousiastes, d’une piété exaltée, aimant le danger et aimant l’amour, auquel elles demandent beaucoup et donnent peu, elles sont surtout éprises de renom et de gloire. L’héroïsme leur plaît ; il n’en est peut-être pas une qui craignît de payer trop cher une action éclatante. Et cependant,