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avoir été inspiré par ses plus intimes et ses plus vives émotions ; celui qui reproduit le plus concrètement les plus nobles traits de son individualité, et celui qu’il est impossible d’apprécier avec justice, si l’on veut y chercher l’ancienne facture d’opéra, les divisions accoutumées des morceaux de chant, la distribution reçue des airs, romances, solos, et tutti, en un mot toute l’économie adoptée pour faire valoir les chanteurs et les mélodies, dans une proportion souvent arbitraire en faveur des premiers.

Wagner abjure solennellement toute prise en considération des exigences habituelles de prima donna assoluta, ou de basso-cantante. ses yeux il n’y a pas de chanteurs, il n’y a que des rôles, si bien qu’il trouve parfaitement simple de faire garder le plus complet silence à une première cantatrice durant tout un acte, où sa présence, effectivement nécessaire à la vraisemblance de la scène, ne doit être marquée que par un jeu muet, certainement aussi dédaigné qu’inexécutable à toute diva italienne. Il ne faut point s’attendre, à y trouver des cabalettes, ni aucun de ces morceaux qui viennent se placer sur les pupitres et les pianos des amateurs, car il est plus que difficile de détacher une partie quelleconque, de l’unité si complète et si compacte que forment ses opéras, par l’effet de leur style incessamment maintenu dans une