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par le contraste des rhythmes vifs et clairs qui l’ont précédé. La Princesse s’avance, plus belle encore sous sa couronne et son manteau lamé d’argent, émue et tremblante. L’orchestre nous dévoile tout ce qu’il y a d’amoureux et de religieux élans dans son cœur, sans qu’il soit possible de distinguer si ce sont les uns ou les autres qui y occupent le plus de place. La vierge sainte et passionnée en même temps, ne lève point les yeux, mais l’on devine aux accords qui nous dépeignent les pensées qui occupent son âme, l’on devine à leur majestueux crescendo qui conserve toujours la double teinte d’une mystique ardeur, quels brillans et quels chastes regards, sont voilés par ses paupières ! Comment ne pas admirer les rares ressources dont dispose le musicien-poëte, en voyant de si beaux effets produits par la répartition qu’il peut établir entre les sentimens que la musique doit nous révéler, lorsque la parole ne saurait plus le faire, et ceux que la poésie formule sous sa brûlante empreinte, avec une précision que la musique ne pourrait leur donner !

Entre les nobles dames qui suivent Elsa, la plus magnifiquement parée, mais celle aussi dont la figure se contracte violemment sous une rebellion comprimée avec peine, celle dont le pas se saccade véhémentement, c’est Ortrude qui marche seule, et s’éloigne de l’ordre gardé par le cortége. Dès que la mariée